BLEU de Krzysztof Kieślowski
- Raphaël Chadha
- 18 sept. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 oct.

LE MOT : SYMBOLISME
Commençons dans l’ordre et cela est préférable. L’introduction au récit et à un semblant d’intrigue (dont on reparlera plus tard) est l’une des meilleure du 7éme art. 4 plans à l’originalité et la justesse parfaite : roue provoquant la vitesse et le regard de la fille altéré par sa jeune vision du monde et cet effet créé au travers d’une vitre arrière automobile. La voix-off de Kieslowski est musicale, le spectateur devient omniscient et arrive à lire des partitions depuis l’esprit de ces personnages. La musique, comme nous venons de le dire, devient plus simplement pensée et c’est en ces instants que le film se sublime. Si nous gardons ce fil ou cette baguette conductrice, une scène est vraiment marquante à ce niveau-ci. Quand Julie (incarnée par Juliette Binoche) retrouve goût dans la composition, moment indescriptible et où tout doit être imagination, le cinéaste décide de rendre son outil, sa caméra floue. On pourrait corréler cela avec le tableau de Nicolas Poussin ‘La mort de Germanicus’, la silhouette de la mère présente dans l’œuvre, voilée, tient du même ordre. Aussi, jeu de tout se fait en ce film : jeu de couleurs (évidemment comme indiqué dans l’intitulé), oui le bleu mais touché non peint, bleu de la mort, du souvenir et de la froideur relative à tout cela. Le jaune aussi, la vie, l'ensoleillement de cette vie. Les deux opposés colorimétriques ne le sont pas finalement. On ne sait plus choisir entre jour et nuit et entre l’astre solaire ou lunaire.
Il en va aussi du regard, par des reflets, par de simples gros plans ou simplement le mouvement des yeux. Ce regard est la reconstruction même de la vie, le regard porté sur un nouveau monde, presque de liberté physique et non moral, nous revenons ainsi à un choix du réalisateur davantage porté sur les yeux que sur cette pensée musicale (évoquée précédemment).
Finalement, dans le bon, il en restera aussi ce paradoxe/contraste entre mère et fille et entre l’effacement de la mémoire involontaire, par la maladie et l’essai d’effacement de la mémoire après un lourd incident pour Julie.
Cependant, il faut pour malheureusement donner certains torts au cinéaste polonais. Le commençant serait les fondus au noir étant très explicatives d’elles-mêmes mais trop lourd que ce soit au niveau sonore ou même dans leur grande et quantitative répétition. Pourquoi ne pas avoir fondu au bleu, où tient le titre du film ?
L’intrigue et les dialogues, ce qui va ensemble, sont inexistants et ternissent l’imagerie incroyable du métrage.
Finalement, la subtilité, le fort de ce réalisateur, s’efface de plus en plus tant on avance dans le fim. L’on passe d’une branche de lierre se déchirant à cause d’une voisine trop opportune à un collier semblable à celui de sa fille.
J’ai commencé par le symbole, je finirais par celui-ci. Klein avait son bleu IKB, je crois que Kieslowski a, lui aussi, découvert le sien.




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