top of page

LA TOUR DE GLACE de Lucile Hadžihalilović

  • Photo du rédacteur: Raphaël Chadha
    Raphaël Chadha
  • 17 sept.
  • 2 min de lecture
ree

LE MOT : ÉVOLUTION

Avec cette histoire, le spectateur culmine en haut d’une montagne qu’on appelle point de vue et regarde ces personnages s’entremêler. Nous sommes aussi proches du ciel, l’imaginaire que de la terre, ses rouages. 


Reprenons donc ce que la caméra, céleste autant que populaire (comme pour l’Amour décrit par Pausanias dans Le Banquet) nous montre. Une fille, Jeanne (incarnée par Clara Paccini), fugue de son petit chalet, et dans son échappée citadine, tombe sur un homme qui l’avance par sa voiture et son insistance sexuelle. Prise de court, elle arrive à esquiver cette tentative, et se retrouve à dormir dans un immeuble qu’elle découvre durant la nuit. Le matin, elle se rend compte que les objets énigmatiques vus la veille appartiennent au tournage d’une adaptation de La Reine des Neiges. De là, commence une relation floue et artistique entre cette enfant et l’actrice principale (incarnée par Marion Cotillard) du film tourné.


Dans une interview donnée à la Septième Obsession, la réalisatrice Lucile Hadzihalilovic met en avant “l’idée de franchir quelque chose”. Dans ce “quelque chose” se jouent deux idéaux : le cinéma et l’âge adulte. La jeune fille doit adapter autant que s’adapter à ce qui l’entoure. C’est bien un décor qui donne vie au conte, comme une vision factice, une fin existante de celui-ci. Pour Jeanne c’est aussi la fin de l’âge enfantin, le début de la métamorphose corporelle. C’est donc en entrant dans l’univers fictif du septième art, que cette jeune fille se découvre au travers de costumes, de personnages. Mais alors est-ce vraiment grandir, ou choisir une voie alternative à l’évolution ?

Dans la même interview, la metteuse en scène associe son film au théâtre. Idée fabuleuse, car le théâtre au-delà du cinéma est toujours lié à une chose : le lieu. Cette jeune fille coincée dans ce studio cinématographique n’a d’autres choix que d’y prendre part, étant emprisonnée. C’est ce blocage qui la pousse à explorer, voir et découvrir. 

Jeanne en somme grandit mal, car elle ne grandit pas mais elle interprète. 


La Tour de Glace tient autant de l’autobiographie que de la biographie, car si, d’un côté, la réalisatrice se montre jeune fille explorant le cinéma comme un Leos Carax en introduction d’Holy Motors ; de l’autre côté, on pourrait aussi voir l’histoire d’une jeune Marion Cotillard poussée dans les pas de sa mère, elle-même actrice. De cette perspective artistique, le cinéma révèle de nouveau son pouvoir. En effet, il permet à Marion Cotillard de faire ce passage rêvé, entre celle qu’elle était jeune fille et celle qu’elle joue dans le film, c'est-à-dire une mère adoptive pour Jeanne. 

En somme, Marion Cotillard comme Jeanne ont grandi au travers du cinéma mais surtout grâce au cinéma. 


Revenons donc vers une idée évoquée plus tôt, Lucile Hadzihalilovic fait le choix de la vanité pour son nouveau film, et nous rappelle que le cinéma comme l’Homme n'existe que dans un seul but : l’inexistence. 

Nous finirons donc par cette phrase de Paul Valéry dans Analecta : 

“L'espace est un corps imaginaire comme le temps un mouvement fictif.”


Commentaires


bottom of page