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UN POÈTE de Simón Mesa Soto

  • Photo du rédacteur: Raphaël Chadha
    Raphaël Chadha
  • 28 oct.
  • 2 min de lecture

LE MOT : EKPHRASIS

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Prix du jury pour la section Un Certain Regard du Festival de Cannes, Un Poète est un film chaplinesque qui détonne avec les comédies françaises ternissant nos salles obscures.


Nous sommes donc face à l’histoire colombienne d’un artiste-poète, Oscar Restrepo (incarné par Ubemar Rios) qui tente en vain de rattraper la fougue et le succès qu’il avait dans sa jeunesse. Sa sœur lui offre l’occasion d’enseigner son art de la poésie. Il y rencontre une jeune fille, Yurlady (interprétée par Rebecca Andrade), talentueuse dans cette discipline et va tenter de lui créer les meilleures opportunités possibles. 


Du résumé fait, on pourrait en donner un aspect complètement dramatique mais le métrage brille de par son humour fort, au travers d’Oscar. L’acteur incarne son personnage avec des gestuelles pouvant rappeler un Charlie Chaplin, c’est-à-dire qui joue majoritairement sur sa démarche et les expressions faciales. C’est brillant parce que c’est unique. 

On pourrait faire le reproche que le réalisateur, Simon Mesa Soto, devient presque profiteur des caractéristiques physiques d’Ubemar Rios. Il ne laisse pas totalement vivre son interprète, il n’attend pas, il essaye de par son image et son montage de le faire bouger. 

Aussi, Simon Mesa Soto veut voir son public hilare et laisse les idées de la passation, de la jeunesse, de la vieillesse, de la précarité de côté. On rigole oui, on s’épuise oui.


Autrement, quand le metteur en scène trouve du temps pour davantage de profondeur, des conceptions cinématographiques en ressortent. 

La main de Yurlady, par exemple, formant des ronds dans le vide est une abstraction intelligente qui donne son sens à l'ekphrasis, procédé de transposer en images des vers de poésie.

C’est justement ce qui nous retient le plus dans ce film : l’image donnée à la poésie. Notamment au travers de figures comme José Asunción Silva, le mentor d’Oscar ou encore Charles Bukowski, dans cet artiste noyé dans l’alcool.


Ce qui reste de ce film est un artiste qui se cache derrière ou au travers de personnes parce qu’il n’y arrive plus. Seulement rappelons-le, ce mentor, José Asunción Silva s’est suicidé à 31 ans, Oscar continue de vivre et finit le film par une nouvelle création poétique, lue par lui-même, qui va ainsi : “Je ne perds pas foi en ce triste poète qui essaie d’écrire un poème joyeux.”


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