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LES FILMS QUI NOUS ONT FAIT PARLER (LE TOP 10 DE CHAQUE MEMBRE)

  • La Rédaction
  • il y a 21 heures
  • 30 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 4 heures

Chaque membre de l'association s'est donné pour défi de réunir, en une liste de 10 films, les métrages qui les ont le plus marqué‧es, touché‧es, fait réfléchir ou encore parler.

Découvrez-nous à travers nos choix et faites passer le message !


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RAPHAËL CHADHA 


1. LE MÉPRIS, Jean-Luc Godard (1963)

Godard dira de ce film qu’il est son plus “classique”, ce qui lui permet de faire exceller son langage cinématographique. Méta-film qui met en scène un tournage sur L’Odyssée d’Homère, le récit d’un couple qui se déchire s'entremêle avec les récits mythologiques. Les images sont fantastiques : prenez Capri, inondez la de la Méditerranée et ensoleillez le tout par les performances de Brigitte Bardot et de Michel Piccoli.  


2. HUIT ET DEMI, Federico Fellini (1963)

Mastroianni interprétant Fellini. On retrouve les thèmes de prédilection du réalisateur italien : l’amour, le divin et le cinéma, bien que les deux premiers forment le troisième. Ce film se magnifie dans sa façon de rentrer dans l’inconscience et les pensées d’un artiste. On ne trouvera dans le 7ème art, aucune œuvre qui se construit aussi originalement. 


3. IRRÉVERSIBLE, Gaspar Noé (2002)

Insulté à Cannes lors d’une conférence de presse étouffante, c’est un film révolutionnaire. Gaspar Noé fait le choix du brut et de la brutalité pour construire son récit de la fin au début. Nos deux protagonistes principaux : Vincent Cassel et Monica Bellucci étant mariés au moment du tournage, ils s’aiment et rien ne paraît plus vrai. Plus qu’un réalisateur, Noé tient la caméra, la tourmente et en produit du sublime. 


4. LA NOTTE, Michelangelo Antonioni (1961)

Ours d’or à Berlin en 1961, on est obligé de rajouter : en toute légitimité. Antonioni est un architecte, qui a parfaitement compris que le monde est fait de carrés et non de ronds. 2ème volet de la trilogie de l’incommunicabilité propre au réalisateur, c’est celui qui complexifie les sentiments le mieux autant qu'il les exprime. Le film détient aussi le plan le plus beau du cinéma : Marcello Mastroianni et Monica Vitti reflétés dans une vitre pendant que le monde qui les entoure continue de s’étendre. 


5. A MAN CALLED ADAM, Leo Penn (1966)

Je me souviens de ma bouche ouverte et de mon regard dans le vide, au moment où ce film se termina. Déjà parce que le jazz joué tout au long du film est saisissant et composé de la folie que cette musique lui doit. Sammy Davis Jr incarne un trompettiste pris dans l’alcool et le monde qui lui le sert. Et puis, l’autre explication de cette magie filmique vient de sa fin moliéresque qui ne peut nous laisser indifférent.  


6. NAPOLÉON, Abel Gance (1927)

Film datant de 1927, restauré en 2024 et projeté à la Cinémathèque la même année. C'est à cette occasion que j'assistais à un spectacle et non à une séance classique. Entre couleurs et montage, Gance expérimente les possibilités que lui offre le cinéma et reste encore moderne à notre époque. Par exemple, au travers d’un écran qui n’était qu’un simple rectangle et qui devient un triptyque tel une vieille œuvre de Jérôme Bosch. 


7. SOY CUBA, Mikhaël Kalatozov (1964)

Démarrant par l’une des plus belles introductions du cinéma : douce et accompagnatrice, le film suit ce chemin qualitatif. Filmé par l’excellent chef opérateur : Sergei Urusevsky, on se questionne parfois sur la possibilité de certains plans. Ce métrage communiste considère autant le son que l’image pour donner à certaines scènes une vibration sans égal. Le film a mis longtemps à sortir des archives russes, il n’y a pas eu dans le 7ème art, d’attentes plus savoureuses. 


8. MEUTRE DANS UN JARDIN ANGLAIS, Peter Greenaway (1982)

Création d'un peintre d’origine, ce qui doit lui donner l’envie de produire tableaux sur tableaux au travers de l’utilisation totale de plans fixes. Notre protagoniste, dessinateur de jardin de la fin du 17ème siècle, aiguise notre œil sur la façon de choisir un plan. Un rapport donc entre le dessin et le cinéma et plus largement entre la peinture et le cinéma. Le film nous retient par la beauté de son vert, autant naturel que social. 


9. CORSAGE, Marie Kreutzer (2022)

Oeuvre la plus récente dans cette liste (2022). Elle est autant extérieure dans sa beauté de mettre en scène les excès d’une femme à la solitude extrême. Qu’intérieur dans ces traits de visages qui se tendent de plus en plus vers la folie. Excellente revisite de l’histoire de l’impératrice Sissi avec une Vicky Krieps qui émeut au plus profond par son interprétation. 


10. COLONEL CHABERT, Yves Angelo (1994)

Un casting des plus complets, avec : Gérard Depardieu, Fabrice Luchini, Fanny Ardant et André Dussollier. Chaque interprète incarne à la perfection les personnages écrits par Honoré de Balzac. Un film sur l’amour par l’argent et le pouvoir. Il traite aussi de la façon de reconnaître un être, est ce dans les yeux, dans les paroles ou dans les objets ?


Mention honorable : LE REDOUTABLE, Michel Hazanavicius (2017)

Cette passion que je tiens pour le 7ème art commença ici. Biopic sur un Jean-Luc Godard de la fin des années 60, le film arrive très bien à reprendre les procédés cinématographiques du réalisateur. Bien que le film prenne un point de vue très caricatural sur l’un des fondateurs de la Nouvelle Vague, il ne m’a pas empêché d’en faire un tremplin vers son cinéma et l’étude de sa vie. En somme, Hazanavicius me permit d’accéder à Jean-Luc Godard, qui en toute logique me permit d’accéder au cinéma.  




ADRIEN FONDECAVE


1. LA PAROLE (Ordet), Carl Theodor Dreyer (1955)

Ordet est un film esthétiquement parfait, mais surtout bouleversant, qui traite de la foi, de la folie, et de la vie humaine tout simplement. C’est un film très particulier, sur lequel il ne faut pas trop lire pour ne pas se faire spoiler… et qui ne laisse personne indifférent, signe de sa très grande qualité, malgré un sujet sensible. C’est un des longs métrages à m’avoir fait le plus fort effet.

 

2. LA VIE EST BELLE (It’s a Wonderful Life), Frank Capra (1946)

J’aurais pu mettre beaucoup d’autres films et chefs-d’œuvre de Frank Capra : New York-Miami, L’Extravagant Mr. Deeds, Vous ne l’emporterez pas avec vous, Mr. Smith au Sénat… Mais La Vie est belle est peut-être le meilleur exemple du talent de Frank Capra, de son humanisme réjouissant et de son profond sens social. C’est l’un des films les plus aimés des Américains, et on comprend pourquoi.

 

3. RASHÔMON, Akira Kurosawa (1950)

Si je ne devais retenir qu’un cinéaste, ce serait Akira Kurosawa. Depuis les débuts de ma cinéphilie, il est resté mon réalisateur préféré, même s’il est plus ou moins ex aequo avec plusieurs cinéastes de cette liste. Dans cette liste, auraient pu figurer d’autres de ses immenses chefs-d’œuvre : Les Sept Samouraïs, Barberousse, Dersou Ouzala… Mais Rashômon a une saveur particulière pour moi : c’est avec ce film que j’ai découvert les immenses possibilités du cinématographe. Il a ouvert en grand une porte qui ne s’est jamais refermée. Mention spéciale à Toshirô Mifune, acteur culte.

 

4. MON VOISIN TOTORO (Tonari no Totoro), Hayao Miyazaki (1988)

Autre grand cinéaste qui m’est particulièrement cher. Auraient pu figurer ici Le Voyage de Chihiro, Princesse Mononoké ou Le Château dans le ciel. Mais Mon Voisin Totoro est à mon sens le film le plus exemplaire de l’art d’Hayao Miyazaki, qui a su restituer l’esprit et le merveilleux de l’enfance. C’est un film pratiquement sans enjeu, sans méchant, mais où chaque séquence est formidable. Notamment ce passage jamais vu ailleurs : celui de l’attente sous la pluie. Une séquence qui m’avait scotché devant mon écran de télévision quand j’étais enfant et qui m’a marqué à vie.

 

5. STALKER, Andreï Tarkovski (1979)

Andreï Tarkovski a emmené le cinéma plus loin que n’importe quel autre cinéaste, aussi bien sur le fond que la forme. Ses films qui me sont les plus chers sont L’Enfance d’Ivan, Andreï Roublev, Solaris, Le Miroir… et Stalker, le film par lequel j’ai réussi à rentrer dans l’art de Tarkovski. Un film de science-fiction totalement fou et étrange de 2h40, qui m’a complètement retourné la tête. C’est probablement l’une des meilleures portes d’entrée vers son cinéma, un film qui montre toute l’étendue du talent de ce réalisateur hors du commun.

 

6. LA RÈGLE DU JEU, Jean Renoir (1939)

J’apprécie beaucoup le cinéma humaniste de Jean Renoir, et La Règle du jeu est un film que j’aime énormément. Avec ces héros et héroïnes aux amours déçus, ce mélange entre comédie et tragique, cette grande mélancolie, cette sophistication formelle d’un grand naturel, cette tendresse qu’a Renoir pour ses personnages… De ce cinéaste on connaît davantage La Grande illusion, mais La Règle du jeu mériterait d’être redécouvert.

 

7. LA CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE (Stagecoach), John Ford (1939)

John Ford, peut-être le plus grand cinéaste américain, a signé un grand nombre de chefs-d’œuvre, et pas seulement dans le genre du western. Mais La Chevauchée fantastique est l’un de ses premiers grands chefs-d’œuvre, et c’est par ce long métrage que je suis entré pour la première fois dans la filmographie foisonnante de ce cinéaste. C’est donc un film qui a une saveur particulière pour moi. Et puis c’est ce film qui a forgé la légende de John Wayne, immense acteur qui est ici génial et particulièrement attachant. 

 

8. LES AILES DU DÉSIR (Der Himmel über Berlin), Wim Wenders (1987)

Avec Paris, Texas (sublime film, d’accord avec Jerem), Les Ailes du désir est l’autre chef-d’œuvre de Wim, dédié à cette ville, Berlin, coupée en deux par le Mur. Une ville et tout un peuple déchirés… J’ai été à Berlin et j’ai vu des lieux du film, qui résonne en moi. C’est aussi l’histoire de deux anges qui s’éprennent des êtres humains, c’est beau à pleurer, ça regorge d’images magnifiques, c’est d’une grande poésie, d’une grande délicatesse et d’une grande douceur. Comme le sourire de Bruno Ganz, l’ange Damiel. Un sourire inoubliable, qui réchauffe le cœur. Wim Wenders est un cinéaste précieux.


9. CLÉO DE 5 A 7, Agnès Varda (1962)

A chaque fois que je revois Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, je l’aime davantage. Il y a une légèreté très Nouvelle Vague dans ce film… qui masque une vraie gravité. La mort y est omniprésente, et Agnès Varda décrit la condition peu enviable de la femme dans les années 1960, réduite à un objet. Cléo va vivre tout un parcours en 1h30, pour devenir une femme-sujet, et s’émanciper du regard des hommes. C’est un film très inventif formellement, mais qui n’est jamais prétentieux. Il y a même de l’humour… et un magnifique passage musical, avec mon cher Michel Legrand.

 

10. LA POUPÉE (Lalka), Wojciech Jerzy Has (1968)

C’est l’un des derniers films à m’avoir mis une grosse claque. C’est l’équivalent du Guépard de Visconti, mais en version polonaise. Un récit historique fort et puissant, avec l’ascension d’un homme modeste, après le tumulte de l’ère napoléonienne, qui va devenir très riche, mais qui se souviendra d’où il vient et qui se soucie des pauvres. Ajoutons à ce propos socialement engagé une esthétique renversante et complètement folle, faite de savants travellings latéraux et de décors bourrés à craquer d’objets, dans un style baroque unique, et nous obtenons un immense chef-d’œuvre.


Mention honorable : LE SOLEIL DANS LE FILET (Slnko v sieti), Štefan Uher (1963)

Le Soleil dans le filet est un sublime chef-d’œuvre, d’une grande poésie. C’est le film qui a lancé la Nouvelle Vague tchécoslovaque, l’un des mouvements cinématographiques les plus inspirés. Štefan Uher dépeint le quotidien de deux adolescents épris l’un de l’autre sans se l’avouer, qui essaient de s’apprivoiser. Le ton est radicalement moderne et irrévérencieux : on les voit bronzer sur les toits de Bratislava, sous une forêt d’antennes TV, au son d’un transistor qui passe du jazz (musique interdite à l’époque). On découvre aussi la campagne slovaque, dans des séquences estivales magnifiques.




NOÉMIE WEHRUNG


1. 2046, Wong Kar-Wai (2004)

Les plans sont magnifiques, les couleurs aussi, les longue focale utilisée nous donnent de la distance, reflétant l’intimité des scènes, et produisant une sensation de voyeurisme dans un motel et ses traces de passés amoureux. La narration est unique, on se demande parfois si elle est bien réelle, c’est d’ailleurs cette subtilité que Wong Kar-Wai choisit d’utiliser en nous promenant dans l’espace temps, à bord d’un train qui n’arrive jamais, quête d’une connection authentique dans un monde fragmenté.


2. JULIE EN 12 CHAPITRES, Joachim Trier (2021)

Un film d'une précision exceptionnelle et d'un réalisme profondément touchant comportant des choix de vie auxquels on ne peut que s’identifier. Excellent jeu d'acteur, un film beau, vrai, j’aime la façon dont Trier a d’évoquer les sentiments de ses personnages, qu’ils soient profonds ou simples, il arrive a chaque fois à me toucher en plein coeur, je ressens ce film, il m’est palpable et cette sensation je l’ai saisie ! Elle m’est d’ailleurs revenue pendant sentimental value qu’il a sorti en 2025, un film sentimentalement troublant traitant de relations familiales délicates et du milieu artistique.


3. AMÉLIE POULAIN, Jean-Pierre Jeunet (2001)

Cinéma de détails, Amélie Poulain nous plonge dans un univers enivrant au cœur de Paris, une balade haletante bourrée de petits détails comiques ou réconfortants, de décors simples et authentiques, entraînée par la super bo de Yann Tiersen. Son montage original et dynamique nous rapproche de la protagoniste et ses mœurs et émotions deviennent les nôtres ou celles d’une amie. Une esthétique assumée qui prend les couleurs du métro et des cafés parisiens. Ce film a été mon ouverture à ce cinéma d’humanité et de scènes de vies, courte pause dans le temps savourant les moindres émotions et les moindres petits plaisirs que la vie a à offrir. Un VRAI DÉLICE.


4. COLD WAR, Pawel Pawlikowski (2018)

La perfection absolue, la combinaison magique de l'amour et de l'art, fusionnée par une magnifique courte focale qui nous permet d'atteindre les deux amants directement dans leurs cœurs, il n'y a RIEN autour d'eux, nous seuls pouvons presque sentir leur amour à travers leurs regards silencieux et ce lien profond qui les réunit même séparés par les extrémités de la terre. La lumière du film est si pure, que même en noir et blanc, nous pouvons sentir son intensité et le jeu des transitions low-key, high-key ajoutent un vrai contraste. La musique magique du film entier, est profondément émouvante dans son pouvoir historique et émotif, en effet, c'est le lien le plus puissant du film du début à la fin, dans la tristesse ou dans la joie, par la force ou par la volonté, la musique montre la voie.


5. AFTERSUN, Charlotte Wells (2022)

Une vague d'été, ce film m'a fait le plus grand bien et énormément de mal à la fois. D'une délicatesse admirable, c'est le souvenir d'un parallèle entre le préadolescent et la vie d'un jeune parent. Absolument déchirant et tellement simple, sincère. Chaque plan trouve sa signification tout comme le grain, les couleurs et les pixels du caméscope. Les textures et les couleurs sont sublimes, Paul Mescal aussi haha. J'avais à peine quitté la salle que je voulais le regarder à nouveau. C'est ce genre de films qui me donne envie de faire des films.


6. TROIS COULEURS ROUGE, Krzysztof Kieslowski (1994)

Tant d'échos et de rythme ici qui révèlent l’ingéniosité de Kieslowski, le travail esthétique est merveilleux, jeux de couleurs et de reflets pour une scène de vie des plus touchantes. Comme dans les deux premiers volets de la saga trois couleurs, est mise en scène la solitude des personnages, mais ici, des liens se nouent entre deux mondes pourtant radicalement opposés. La puissance de Kieslowski, c’est je trouve, parmi toute sa filmographie, son approche documentaire mais poétique de la fiction. 


7. IRRÉVERSIBLE, Gaspar Noé (2002)

Le chef a déjà dit quelques mots sur ce film, mais quand je l’ai vu (en sa présence d’ailleurs), j’ai été transpercée par sa dureté, il nous plonge dès les premiers instants dans un malaise palpable, brut, qui m’a coupé le souffle de bout en bout avec une cinématographie mise à rude épreuve. Énorme travail de narration via le montage inversé qui m’a complètement brisée à la fin. Gaspar Noé sait nous mettre dans une position inconfortable tout en arrivant à nous maintenir en haleine et j’aime cette sensation rare au cinéma.


8. THE FLORIDA PROJECT, Sean Baker (2017)

Dans un motel mauve de Floride on se penche sur l’été d’une petite fille de 6 ans au milieu des problèmes des adultes qui l’entoure. Comme à son habitude, Sean Baker a le don de portraiturer la marginalité d’une façon authentique et touchante qui arrive à m’attacher à ses personnages de façon parfois irrationnelle (je pense à Tangerine voir article sur le site lol). Un portrait d’enfant touchant, à travers ses envies d’aventures mais aussi par sa lucidité du monde alentour.


9. FRANCES HA, Noah Baumbach (2012)

C’est un film vivifiant qui nous fait passer par plein d’émotions, très bien écrit, et trés bien joué par Greta Gerwig, une jeune femme talentueuse mais pleine de doutes, qui peine à se frailler un chemin vers sa vraie passion, la danse. On arrive très facilement à s’identifier à sa situation, ses craintes, ses ressentis, et ses relations, tout ça dans un New York authentique. Ce film est une bouffée d’espoir et d’optimisme grâce au personnage de Frances, maladroite et attendrissante.


10. DOGTOOTH, Yorgos Lanthimos (2009)

Yorgos Lanthimos est taré et ses films aussi, mais ils sont toujours hyper intéressants et très bien ficelés. Ils proposent des visions parallèles de la société tout en soulignant implicitement ses vices. En restant toujours très réaliste, il nous installe dans une ambiance plutôt dystopique qui devient de pire en pire. C’est le cas pour ce film qui m’a beaucoup marqué, je l’ai trouvé génial de par la façon dont il est filmé et par les idées mises en place pour construire le “décor”.


Mention honorable : CONTE D’ÉTÉ, Éric Rohmer (1996)

Bretagne champêtre, déambulations aux bords de mer, amours inaccomplis, mon adoration pour la lenteur et la légèreté des films de Rohmer est née ici, avec la nullité charmante du personnage de Gaspard et l’admirable Margaux. Les films de Rohmer ne sont pas prétentieux, ils sont pour moi comme de gros calins silencieux et apaisants, et leur photographie est belle, colorée, simple, épurée, et j’aime prendre le temps de contempler chaque plan comme ils me sont présentés.




DIANE BERNOLD 


1. KOKOMO CITY, D.Smith (2023)

Ce film documentaire traite d’une manière absolument originale - et géniale - du quotidien de quatre jeunes femmes afro-américaines transgenres et travailleuses du sexe. Leurs témoignages sont traités avec beaucoup de fantaisie et d’esprit, ce qui représente un véritable souffle dans la manière de faire du documentaire. Il représente avec authenticité et humour ces femmes confrontées à des problématiques trop souvent tues, ce qui permet de mettre en lumière une communauté largement invisibilisée à la croisée de différentes discriminations. 


2. ALL THE BEAUTY AND THE BLOODSHED (Toute la beauté et le sang versé), Laura Poitras (2022)

Ce documentaire a pour objet la vie et l'œuvre photographique de l’immense artiste Nan Goldin, ainsi que son combat contre la famille Sackler, responsable de la crise des opiacés aux États Unis et dans le monde. Ce film nous mène au cœur de ses combats artistiques et politiques, mus par l'amitié, l’amour et l’humanisme. Son œuvre révolutionnaire, à la croisée de luttes intersectionnelles, est ainsi rendu hommage. Nous le projetterons le 02 décembre 2025, venez le (re)découvrir ! 


3. PARIS IS BURNING, Jennie Livingston (1990)

À la fin des années 1980, Jennie Livingston arpente les rues de Harlem pour filmer la scène ballroom, ces compétitions durant lesquelles différentes « maisons » s’affrontent en performant différents arts (voguing, drag…) rassemblants les communautés queers afro-américaine et porte-ricaines. Ce film est culte tant d’un point de vue historique qu’humain. 


4. LES GLANEURS ET LA GLANEUSE, Agnès Varda (2000)

Dans ce film Varda filme les « glaneurs », les récupérateurs, ramasseurs et trouvailleurs de notre société moderne, ceux qui par nécessité, hasard ou choix vivent au contact de l’univers des restes des autres. Ce film documentaire se fait - pardonnez moi pour ce mot un peu pédant - meta-cinématographique. En effet, c’est finalement Varda qui glane des plans au hasard, comme ils tombent, des moments de vie singuliers et minimes. Ce geste de récupérer, qui paraît pourtant anodin, se fait ainsi ici, au cinéma, l’occasion d’une véritable réflexion éthique et philosophique. 


5. CHACUN A SON POSTE ET RIEN NE VA, Lina Wertmüller (1974)

Deux jeunes piémontais, Gino et Carletto, s'installent à Milan avec l'idée de se construire un avenir meilleur. Dès le départ, ils se trouvent déconcertés et mal préparés à la réalité urbaine chaotique et indifférente. Leur première rencontre milanaise est celle d'une jeune Sicilienne, Adelina. Ils s'entraident et se lient d'amitié, rencontrant bientôt d'autres personnages tout aussi dépaysés dans la métropole. La particularité de ce film est sa densité : en deux heures Lina Wertmüller parvient à nous raconter tout un tas d’histoires, mus par la solidarité et l’amitié, l’humour et la simplicité, qui engagent in fine de véritables réflexions critiques sur nos sociétés ainsi que sur leurs fonctionnements. 


6. MIMI METALLO BLESSÉ DANS SON HONNEUR, Lina Wertmüller (1972)

Cette histoire retrace l’exil de Carmelo, ouvrier sicilien surnommé Mimì, qui quitte sa terre natale pour Turin, en pleine période d’industrialisation et d’émergence de la société de consommation en Italie. Il tombe amoureux d’une femme, Fiore, tandis qu’il est toujours marié avec une autre dans sa terre natale, ce qui va finir par le rattraper… 


7. LEÏLA ET LES LOUPS, Heiny Srour (1984)

Ce film féministe et anti-colonial est mené par Leïla, alter-ego de la réalisatrice, qui prépare à Londres une exposition de photographies sur la Palestine. Les photos qu'elle sélectionne représentent uniquement des hommes. Elle entreprend alors un voyage imaginaire dans le temps qui lui révèle le rôle politique des femmes au Moyen-Orient, occulté dans le récit dominant. L’engagement des femmes dans les mouvements de résistance palestiniens et libanais est ainsi mis à l’honneur depuis la Première Guerre mondiale, qui a conduit à l'établissement des mandats britanniques et français, jusqu'à l’invasion israélienne du Liban en 1982. 


8. LE PÉRIL JEUNE, Cédric Klapisch (1994)

Les aventures de quatre amis ensemble en terminale dans les années 1970, entre révoltes étudiantes, drogue, amour, rock. Un film qui par sa légèreté retient toute la pesanteur d’un drame final. 


9. 墮落天使 (Les anges déchus), Wong Kar-waï (1995) 

L’histoire d’un tueur a gage à toute vitesse. Le meilleur de Wong Kar-waï selon moi. J’avoue ne pas avoir beaucoup d’arguments, si ce n’est que ce film m’a fait énormément rire. J’ai été également touchée par les couleurs et la scénographie, par l’ensemble des micro-détails visuels et sonores. Les films de Wong-Kar waï et en particulier celui-ci constituent, selon moi, une véritable expérience en tant que telle. 


10. SEDMIKRASKY (Les petites Marguerites), Věra Chytilová (1966) 

Une comédie expérimentale satyrique, s’inscrivant dans le mouvement de la Nouvelle vague tchécoslovaque. C’est l’histoire de deux jeunes femmes, toutes deux appelées Marie, qui, en réponse au mal dans le monde, décident de devenir dépravées à leur tour. Une manière, au cinéma, par le biais d’une histoire singulière, de couleurs vives et d’humour de s’ériger contre les bouleversements politiques mondiaux qu’a connu le monde pendant la guerre froide. 




ALESSIA PARIS 


1. PHANTOM THREAD, Paul Thomas Anderson (2017)

Un soin du détail que ce soit dans la direction de la photographie que dans la direction de jeu. J’avais l’impression d’être sur un fil pendant tout le film. Je trouve qu’on ressent la prise de risque et l’ambition du réalisateur. Daniel Day-Lewis est d’une précision et d’une subtilité enivrante. 


2. WHIPLASH, Damien Chazelle (2014)

C’est la première fois que je ressens autant d’empathie pour le personnage principal, je pense que c’est pour cela que ça m’a marqué. Selon moi, au fur et à mesure du film, Andrew devient un instrument de musique à part entière. J’ai l’impression que je ressentais ce que peut ressentir une batterie en plein concert. Le rythme de ce film est majestueux.


3. LE DERNIER DES MOHICANS, Michael Mann (1992)

Daniel Day Lewis me bluffe toujours et encore en incarnant dans ce film la rage de liberté. Tous les acteurs sont bien dirigés que ce soit Wes Studi, Johdi May ou Madeleine Stowe. La musique du film m’a également beaucoup touché, rendant ce film parfait à mes yeux.


4. CINEMA PARADISO, Giuseppe Tornatore (1988)

Giuseppe Tornatore est un de mes réalisateurs préférés. Je ressens des émotions incroyables à chacun de ses films. Je pense que les acteurs sont vraiment bien choisis à chaque fois. Ainsi que la musique. La relation entre Salvatore et Alfredo est la force de ce film, on y croit du début à la fin. Les yeux innocents du petit Salvatore plein de tendresse quand il regarde son ami Alfredo travailler est excrément juste. On sent l’admiration pour les “adultes”. L’amitié du début se transforme en amour familial au cours du film et ça ne tombe jamais dans le pathos.


5. UNDER THE SILVER LAKE, David Robert Mitchell (2018)

Je ne suis pas très fan de thriller ou de science-fiction de manière générale mais la quête de Sam pour retrouver Sarah,  disparue soudainement, vire à l’obsession. Je crois que c’est ce qui m’a emporté pendant tout le film. Les plans sont superbes : mystiques et oniriques. Au niveau de l’intrigue, j’ai été surprise à chaque fois. Je trouve ce film surprenant et intelligemment mené.


6. FRIDA, Julie Taymor (2002)

Ce film fait honneur à la grande Frida Kahlo. On sent que le travail de recherche sur la vie de cette femme a été mené jusqu’au bout. Salma Hayek, qui joue Frida, a mis 10 ans à trouver des producteurs pour financer ce film. Je pense que cette dévotion se ressent dans chaque plan, ce qui en fait sa force. Les enjeux sont forts que se soit pour le personnage que pour la réalisatrice. La soif de vivre et la détresse de Frida est portée à l’écran brillamment par Salma Hayek. Chaque plan est comme une explication de ses peintures. 


7. BEFORE SUNSHINE, Richard Linklater (1995)

J’ai vu ce film quand j’étais adolescente et ça m’a donné envie de croire au coup de foudre. La simplicité de cette rencontre dans un train est désarmante. Si le coup de foudre est possible dans un train alors tout est possible pour moi. La jeunesse de cette relation mais aussi des personnages est la clef du film. Ils traversent Vienne comme s’ils volaient au-dessus de tout. Jesse et Céline sont dans leur petite bulle pendant tout le film et Vienne, qui était un des personnages principaux au début, devient presque une ville fantôme. Ils sont aussi légers qu’un sorbet au citron un soir de vacances d’été. L’histoire a eu d’autant plus d’impact quand j’ai su que c’était une histoire vraie.


8. COMBIEN TU M'AIMES ?, Bertrand Blier (2005)

Bertrand Blier jongle adroitement avec les mots dans chacun de ses films. Sa force est son scénario. Dans ce film le personnage principal est une femme qui ne s’excuse pas d’exister. Elle incarne la sensualité, la maternité et la simplicité. Tous les personnages tombent amoureux d’elle et de sa liberté. Je trouve les dialogues plein de poésie et de musicalité. La dynamique entre Daniela et François est digne de l’acte 1 de La Traviata. La timidité de François rencontre l’audace de Daniela et les bousculent tous les deux.


9. EMA, Pablo Larraín (2019)

Je suis très fan des films de Pablo Larraín mais celui-là m’a beaucoup marqué. Peut-être parce que c’est le premier film de ce réalisateur que j’ai vu dans ma vie, ce qui lui confère une place particulière dans mon cœur. Ou peut-être que le personnage principal m’a plus marqué que les autres. Ema est d’une complexité touchante et désarmante. On l’a sent fébrile pendant tout le film et son corps l’incarne autant que ses mots. Le rapport à la danse et les chorégraphies du film sont excellents. Le rythme est parfait. 


10. TOUT LE MONDE AIME JEANNE, Céline Devaux (2022)

J’ai été captivée pendant toute la durée du film par l’humour mais aussi par la complexité des personnages. Pendant le film je me suis dit « ça doit être vraiment chouette de jouer ce genre de personnage ». J’avais l’impression d’assister à un épisode de Strip Tease, l’émission d’Arte, mais en beaucoup plus fin. Comme si, grâce aux silences et aux temps « morts », les personnages pouvaient à tout moment se révéler encore plus. Et le fait que le climax soit juste deux mains qui se tiennent et un baiser. C’était magique. J’ai également trouvé le décalage entre la petite voix et la vraie voix de Jeanne très subtil et intelligemment fait. Les dessins sont aussi très beaux. Ce film m’a fait croire en la douceur.. Et l’amour aussi un peu… beaucoup.




LOUISE DEVILLERS


1. LE ROI ET L'OISEAU, Paul Grimault et Jacques Prévert (1980)

Un roi despote et un oiseau qui lui fait résistance. Dessins, musiques et textes sublimes. Un must see, quel que soit l’âge.


2. LE VOYAGE DE CHIHIRO, Hayao Miyazaki (2001)

Du haut de ses 10 ans, Chihiro cherche à libérer ses parents du terrible sortilège que leur a jeté la sorcière Yubaba. Elle rencontre tout un tas de personnages fantasmagoriques qui vont l’aider dans sa quête, et plus largement dans son émancipation. Vu quand j’avais 6 ans à sa sortie en France, je me suis bien évidemment tout de suite identifiée à ce personnage féminin hyper courageux et vulnérable à la fois. L’équipe du studio Ghibli démontre que le dessin d’animation ouvre des voies infinies et permet de créer les plus beaux univers. Musiques sublimes de Joe Hisaishi. Indétrônable. 


3. PEAU D'ÂNE, Jacques Demi (1970) 

Une jeune femme qui refuse d’épouser son père fuit et découvre la vie hors du château qui l’a vue naître. Même si cette comédie musicale a beaucoup vieilli, je ne me lasserai jamais de la robe couleur du temps, du perroquet et de la recette de cuisine. Amour, amour, je t’aime tant.


4. EDOUARD AUX MAINS D'ARGENT, Tim Burton (1990)

Édouard vit reclus dans son château aux abords de la ville depuis la mort de son vieil inventeur. Jusqu’au jour où une vendeuse de maquillage toque à sa porte… Un conte noirâtre sur fond des banlieues américaines pops et acidulées des années 90. Réconfortant.


5. KILL BILL VOL.1, Quentin Tarantino (2003)

Des femmes qui pèsent, de la fight et une BO de dingue. 


6. FIGHT CLUB, David Fincher (1999)

Insomniaque et dépressif, un homme d’une quarantaine d’année se met à fréquenter un alter ego anticonformiste, avec qui il monte un groupe de combat de rue. Leur entreprise prend alors de l’ampleur… Un thriller psychologique qui n’a pas pris une ride. Ça parle surconsommation, militantisme et troubles psychiques, le tout avec des acteurs et actrices qui ne nous décevront jamais, j’ai nommé Edward Norton, Helena Bonham Carter… et Brad Pitt dans la fleur de l’âge.


7. L'ÎLES AUX CHIENS, Wes Anderson (2018)

Et globalement tous ses films. Japon, période indéterminée. Les chiens sont mis à l’écart pour cause d’épidémie. Atari, 12 ans, se lance dans la quête de sauver son chien Spots. Pas le plus connu ni le plus plébiscité de Wes Anderson, mais personnellement j’ai un faible pour ses films d’animation en volume comme L’Île aux chiens et Fantastic Mister Fox.


8. SUR L'ADAMANT, Nicolas Philibert (2023)

Documentaire sur un centre qui accueille des adultes souffrant de troubles psychiques. Des gens à la vie dure et à l’imagination débordante. Génial. Voir aussi les 2 autres opus du triptyque : Averroes et Rosa Parks et La Machine à écrire.


9. CE N'EST QU'UN AU REVOIR, Guillaume Brac (2024)

Deux documentaires à la suite, l’un tourné au Sud et l’autre au Nord de la France. La jeunesse sous toutes ses coutures. Intime et vibrant.


10. LA CHAMBRE D'À CÔTÉ, Pedro Almodovar (2024) 

Et globalement tous les films d’Almodovar, avec une préférence pour La Mauvaise Éducation et Femmes au bord de la crise de nerf. Ingrid renoue avec une vieille amie, Martha, alors que celle-ci est traitée contre un cancer offensif. Martha va alors lui demander un service inattendu. Un sujet très dur que Pedro Almodovar traite comme à son habitude avec beaucoup de délicatesse, de poésie et d’humour. Comment accepte-t-on sa mort et celle de l’autre ? Et comment l’accompagne-t-on ?




JÉRÉMIE PRIGENT 


1. PARIS TEXAS, Wim Wenders (1984)

Je pleure toutes les larmes de mon corps à chaque fois que je vois cette fameuse séquence avec Nastassja Kinski...La musique , la mise en scène, la voix de Harry Dean Stanton, l'émotion qui monte en crescendo, mon Dieu qu'est ce que c'est beau. 


2. ARIZONA DREAM, Emir Kusturica (1992)

LE film qui m'accompagne tout au long de ma vie. LE film dont je me sens le plus proche, au plus profond de moi. LE film le plus mélancolique et poétique de l'histoire du cinéma. 


3. LES AMANTS DU PONT NEUF, Leos Carax (1991)

La passion à l'état pure, celle qu'exprime Binoche en transe sur le pont Neuf, en train de désarticuler son corps, épaulée par Denis Lavant, tous les deux libres, dansant furieusement pendant le feu d'artifice du 14 juillet. Chef d’œuvre intemporel, immortel. 


4. LA MAMAN ET LA PUTAIN, Jean Eustache (1973)

Vu pour la première fois à 20 ans, je l'ai regardé en boucle, je notais même les dialogues pour les apprendre par cœur. C'est libre, c'est d'une modernité incroyable.


5. L’ECLIPSE, Michelangelo Antonioni (1962)

Mise en scène ultra soignée, se déportant petit à petit vers l'abstraction la plus totale, fustigeant un consumérisme froid , une aridité sentimentale de nos personnages principaux, disparaissant dans une métropole spectrale, aux silences assourdissants.  


6. LES LUMIÈRES DE LA VILLE, Charlie Chaplin (1931)

Les scènes d'anthologie s'accumulent jusqu'aux...5 minutes finales les plus belles, bouleversantes, sublimes de toute l'histoire du cinéma. Je pèse mes mots. Lorsque la fleuriste touche la main, puis la veste de notre vagabond préféré...pfffff merci Charlie. 


7. LA FEMME DES SABLES, Hiroshi Teshigara (1964)

Expérience sensorielle folle, on passe d’une douceur érotique, au thriller horifique, au film d’évasion, puis on bifurque vers un trip métaphysique, c’est un monument du cinéma.


8. INLAND EMPIRE, David Lynch (2006)

Le premier réalisateur Américain de mon top est évidemment l’immense David Lynch. “Inland empire” est une déclinaison plus radicale, plus humaine, plus émouvante, plus expérimentale de "lost highway" et "mulholland drive". 


9. PACIFICTION, Albert Serra (2023)

Avec “Pacifiction”, Serra est tout en haut, au sommet de son Art. L’un des plus grands réalisateurs des années 2000 avec Bruno Dumont, Weerasethakul, Guiraudie, Hamaguchi, Bi Gan et Hong Sang-Soo selon moi. 


10. SUNSET BOULEVARD (Billy Wilder, 1950)

Pour un cinéphile, ce film est juste jouissif et tellement sombre. Pour moi le plus grand film sur Hollywood.




MATHIS GAUTHERIN


1. GODLAND, ​​Hlynur Pálmason (2022)

Pour moi, “Godland" est une expérience quasi mystique. J'ai été totalement subjugué par la beauté écrasante de ses paysages et la manière dont le film nous fait ressentir physiquement le combat intérieur de son personnage. C'est un film d'une puissance visuelle rare - chaque plan est une oeuvre d’art - qui m'a hanté bien après le générique.


2. ENQUÊTE SUR UN CITOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPÇON, Elio Petri (1970)

Ce film est d’une audace et d’une intelligence qui me fascinent. Une critique glaçante du pouvoir en Italie, où l’autoritarisme et les restes du fascisme étaient/sont encore bien présents , et comment les institutions manipulent l’opinion publique pour maintenir leur contrôle à travers l’intimidation, la surveillance et la répression des opposants politiques. La performance de Gian Maria Volontè est pour moi l'une des plus grandes de l'histoire du cinéma, et cette satire féroce reste, des décennies plus tard, d'une pertinence absolue.


3. COME AND SEE, Elem Klimov (1985)

Je ne considère pas "Come and See" comme un simple film, mais comme une épreuve qui change notre regard sur la guerre. C'est l'œuvre la plus viscérale et traumatisante que j'ai jamais vue. Elle atteint une vérité sur l'horreur que nul autre film n'a, à mon sens, jamais touchée.


4. LES FEUILLES MORTES, Aki Kaurismaki (2023)

Ce film est un baume pour le cœur. J'aime profondément cette façon qu'a Kaurismäki de trouver de la poésie, de l'humour et une immense tendresse dans la vie des gens simples et souvent invisibilisés/marginalisés par la société. C'est une romance qui m'a touché par sa simplicité et sa sincérité bouleversantes, un véritable concentré d'humanité.


5. LA CHIMÈRE, Alice Rohrwacher (2023)

"La Chimère” m'a tout simplement ensorcelé. J'ai été emporté par ce voyage onirique, cette fable poétique à la fois drôle, mélancolique et profondément magique. Un film qui se ressent plus qu'il ne s'analyse, une pure merveille de poésie qui nous rappelle que le cinéma peut encore nous faire rêver.


6. NOBODY KNOWS, Kore-eda (1997) 

Ce film m'a fendu le cœur mais avec une délicatesse infinie. La manière dont Kore-eda filme ces enfants abandonnés à eux-mêmes, sans jamais tomber dans le misérabilisme, relève pour moi du génie. Il capture des moments de grâce et de jeu au milieu du drame, ce qui rend l'ensemble encore plus poignant. C'est un film qui reste avec vous, une leçon d'humanité qui me bouleverse à chaque fois.


7. DOG DAY AFTERNOON, Sydney Lumet (1975)

L'énergie brute de New York, la tension palpable et surtout la performance électrique d'Al Pacino en font un de mes films de chevet. C'est un thriller humain et chaotique qui me prend aux tripes à chaque visionnage comme si c'était la première fois.


8. GOOD TIME, Josh Safdie et Benny Safdie (2017)

"Good Time" est pour moi une pure décharge d'adrénaline cinématographique. J'ai été happé par cette course-poursuite nocturne survoltée. C'est un film qui vous agrippe et ne vous lâche plus. Pas besoin de prendre de drogue dure pour rentrer en transe psychologique, le film en est une. 


9. TROPICAL MALADY, Apichatpong Weerasethakul (2004)

La structure en deux parties de ce film m'a complètement dérouté et fasciné, me plongeant dans un état quasi hypnotique. Apichatpong Weerasethakul nous offre une expérience sensorielle unique qui défie la logique pour mieux parler au désir et à l'inconscient. Un hymne métaphysique.


10. THE BANSHEES OF INISHERIN, Martin McDonagh (2022)

Un chef-d'œuvre d'écriture sur la condition humaine, l'amitié et la solitude. Chaque dialogue est ciselé, chaque silence est lourd de sens, et l'émotion qu'il dégage est tout simplement dévastatrice.




VIKTOR BONNIÈRE


1. APOCALYPSE NOW, Francis Ford Coppola (1979)

Un film de guerre à couper le souffle, qui nous tient en haleine pendant 3 heures, et qui parvient à nous montrer à quel point la guerre rend l'homme fou et est un échec civilisationnel.


2. MULHOLLAND DRIVE, David Lynch (2001)

Un film iconique, de part sa non linéarité, ses couleurs, ses musiques, ses mystères et sa dramaturgie. Chaque revisionage est une nouvelle découverte, tel un puzzle où il y aura toujours une pièce manquante, une part de mystère.


3. IN THE MOOD FOR LOVE, Wong Kar-wai (2000)

L'amour impossible par excellence. Ce film nous plonge dans une romance atypique, avec une palette de couleurs et une bande originale mythiques.


4 - LA BÊTE, Bertrand Bonello (2023)

Sans doute le meilleur film français de 2024, La Bête est une dystopie avec une très large palette de thématiques : intelligence artificielle, voyage dans le passé, solitude, amour impossible ou encore crise existentielle. Le film est audacieux et ambitieux, avec deux très bonnes performances par Léa Seydoux et Georges MacKay 


5. PERFECT DAYS, Wim Wenders (2023)

Wim Wenders nous livre une leçon de vie à travers celle d'un nettoyeur de toilettes à Tokyo. Malgré une précarité prononcée, la vie peut trouver un sens à travers de petites choses au quotidien, ou pas. Tout dépend de l'interprétation de chacun.


6. MAD MAX FURY ROAD, Georges Miller (2015)

Georges Miller nous livre une expérience cinématographique époustouflante. Un film d'action parfait qui nous plonge dans 2 heures de pure folie, dans un univers atypique où tout fait sens. La photographie et la mise en scène sont d'une justesse phénoménale.


7. PHANTOM OF THE PARADISE, Brian de Palma (1974)

Brian de Palma signe une œuvre qui mélange les genres du body horror et de la comédie musicale à la perfection. La collaboration tragique entre le fantôme et son maître donne naissance à une bande originale qui se laisse réécouter pendant des heures, comme une prolongation de l'expérience déjà mémorable vécue en salle.


8. PLEIN SOLEIL, René Clément (1960)

Ce film est d'une justesse technique à couper le souffle. La tension entre les protagonistes, leurs sentiments amoureux, le suspense jusqu'au bout et la performance des acteurs font de ce film un excellent thriller. Alain Delon est exceptionnellement charismatique dans ce qui est sans doute son plus grand rôle. 


9. LA MAMAN ET LA PUTAIN, Jean Eustache (1973)

Le chômage, la séduction, l'alcool, la cigarette, l'art et la flânerie comblent la vie du personnage insupportable et fascinant en même temps de Jean Paul Leaud. Lui qui ne fait rien, mais qui a pourtant une vie bien remplie. Ce triangle amoureux presque autobiographique de la part Jean Eustache nous plonge dans 3 heures et demie de monologues fous et beaux à la fois.


10. SANDRA, Luchino Visconti (1965)

Sandra est un film qui nous pousse à aimer des personnages au destin tragique. Ils sont condamnés au malheur, et pourtant, c'est d'une magnificence incomparable.




JOA MAUDUECH 


1. BARAKA, Ron Fricke (1992)

Baraka est un film documentaire à part, car il ne suit aucun fil narratif, ne propose aucun commentaire, et ne traite pas d’un sujet précis.

Et c’est justement ce qui me fascine. Là où certains y verront un film vide ou trop silencieux, je le trouve d’une richesse incroyable dans sa simplicité. Par la seule force de ses images, accompagnées de musiques et de sons qui ont autant de poids que ce que l’on voit à l’écran, Baraka nous emporte, nous élève. Durant une heure et demie, il nous immerge dans les réalités du monde parfois bien connues, parfois trop peu filmées, avec une puissance visuelle et émotionnelle non conventionnelle.


2. GARDEN STATE, Zach Braff (2004)

Garden State, pourrait, selon moi, être catégorisé d’une coming of age story. D’un film d’une rythmique lente et d’un climat plutôt froid aux premiers abords, on se retrouve au final très rapidement attachés au protagoniste principal et touchés par son mal être. Ce film, au travers des dialogues et de son mouvement en général, (qu’il concerne celui de la caméra ou des acteurs au sein du cadre), peut avoir un aspect presque parodique et relevant de la comédie. Cependant, ce qui m’attache le plus à ce long métrage est, en effet, ce contraste entre le fond et la forme que prend le film. Les thèmes abordés (tels que la dépression, l’amour, la perte d’un membre de la famille) sont durs mais l’apport de personnages riches émotionnellement nous apporte beaucoup d’espoir au visionnage.


3. COME AND SEE, Elem Klimov (1985)

Je n’ai simplement jamais vu un film de guerre comme celui-ci. Ce que j’en tire sont surtout ces regards caméra à glacer le sang. Cette fois-ci, dans ce long long métrage, on nous montre la terreur et l’atrocité de la guerre à travers le regard vide, désespéré et quasiment mort d’un personnage qui subissait, subit et subira encore. Sans prendre de pincette ces images illustrent avec harmonie et un étalonnage magnifique les ravages physique, psychologique et psychique que cause cette violence. Après avoir terminé ce film, je me suis pris une claque cinématographique mais aussi humaine. Je n’ai pas réalisé les horreurs dont peut être capable l’Homme mais j’ai vu les conséquences qu’elles ont frontalement. Alors après un long visionnage de presque deux heures et demi, je continue encore à penser que la guerre n’est toujours pas terminée.


4. UN VARÓN, Fabian Hernandez (2022)

Je n’irais même pas jusqu’à classer ce film comme une fiction, tant il paraît réaliste sur de nombreux aspects. Certes, le personnage principal est fictif, tout comme une grande partie de la narration. Cependant, l’acteur, lui, ne l’est pas. Son mode de vie est en réalité très proche de celui du protagoniste qu’il incarne. Le réalisateur documente la vie d’un adolescent de 16 ans, issu d’un milieu extrêmement précaire : une mère en prison, une sœur contrainte à la prostitution, et un quotidien dans les bidonvilles de Bogotá.

Les plans fixes, d’une lenteur assumée, nous rappellent à quel point il est difficile de s’émanciper de telles conditions. Les mouvements de caméra, parfois très actifs, et les longs travellings qui suivent les personnages traduisent malgré tout un véritable désir de s’extraire de la rue.

Je pourrais dire que ce film frôle la perfection dans l’équilibre qu’il trouve entre l’image, le son et le montage. Sa fluidité remarquable nous fait presque oublier qu’il s’agit d’une œuvre cinématographique. Elle sublime le réel tout en dénonçant sans détour ses pires monstruosités.


5. MON ONCLE, Jacques Tati (1958)

Plus qu’un simple avis fondé sur une analyse précise, ce film est pour moi une véritable madeleine de Proust. Ce film me replonge en enfance sur le canapé de ma maman. Son caractère humoristique et sa manière de tourner en dérision certains personnages, me fascinent. 

La place que prend l’univers sonore est d’autant plus incroyable qu’il peut tourner au ridicule certaines scènes qui, autrement, seraient tout à fait ordinaires. 

Quant aux compositions géométriques, à l’usage de l’espace et à la perspective dans le cadre, elles témoignent du style singulier et impressionnant de Jacques Tati. 

 

6. KIDS RETURN, Takeshi Kitano (1996)

J’ai été littéralement absorbé par ce film. Du début à la fin, je n’ai pas voulu que le visionnage s’arrête. Le rythme se déploie avec lenteur, mais il est vite équilibré avec des scènes de violence dynamiques et intenses. Takeshi Kitano est un réalisateur dont le talent singulier est de conférer, avec sa mise en scène et ses images, une véritable importance à des instants ordinaires de la vie quotidienne au Japon. Il traite dans ce film,  le thème de l’amitié avec une profondeur émotionnelle, une approche qui peut résonner universellement. Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est sa manière de retranscrire les sentiments et émotions des personnages à travers leurs corps, ainsi que l’expression de leur violence au sein d’un club de boxe. Le film est également porté par des plans, de jour comme de nuit, d’une grande richesse visuelle et admirablement étalonnés. 


7. BEAU TRAVAIL, Claire Denis (1999)

Au-delà de son scénario ou de son discours, je place aisément ce film dans mon top 10. Il incarne visuellement tout ce que j’aime voir dans le cinéma : peu de dialogues et de narration, et une force qui passe avant tout par l’image et les regards, sans pour autant perdre en intensité et en profondeur. La nature y occupe une place considérable, au même titre que les corps, et la souffrance s’y révèle dans des images sans détours. Des images qui ne dissimulent rien, qui expriment plus que la parole elle-même.  Pourtant, cela n’empêche pas de montrer les choses avec douceur et beauté. Claire Denis, en collaboration avec la cheffe opératrice Agnès Jahier, accomplit un travail extraordinaire,  jouant à la fois de la lenteur, de l’immobilité et de la liberté du mouvement, qu’il s’agisse de celui de la nature ou de l’homme au sein du cadre. 


8. TAXI DRIVER, Martin Scorsese (1976)

Ce film m’a tout simplement donné envie de m’intéresser véritablement au cinéma. Devoir l’analyser pour une présentation, au lycée, a été une révélation : j’ai compris à quel point il était important de revoir les films, afin de les saisir pleinement lors d’une seconde lecture. Taxi Driver est un amas de complexités et de traumatismes sociaux liés au contexte géopolitique de l’époque. Son histoire, souvent mal interprétée ou réduite à une lecture simpliste, doit pourtant être perçue avec subtilité à travers un travail minutieux sur les reflets (dans les rétroviseurs), sur les lumières et couleurs (l’importante présence du rouge et du jaune). Enfin, ce chef d'œuvre voit son aboutissement à travers la bande originale du compositeur Bernard Herrmann, qui souligne avec force les tourments intérieurs du personnage principal. 


9. ADOLESCENTES, Sébastien Lifshitz (2019)

Ce qui me plaît le plus dans ce documentaire, c’est son suivi attentif et son travail sur la durée. On y suit deux meilleures amies qui grandissent dans des environnements très différents, et qui finissent par emprunter des trajectoires de vie radicalement opposées. Ce documentaire nous touche autant qu’il nous déstabilise puisqu’il témoigne des difficultés du passage de l’enfance à l’âge adulte exposé aux réalités financières, sociales, professionnelles et relationnelles de la vie.

À mes yeux, c’est ce qu’on doit attendre d’un documentaire : qu’il informe sans nous imposer de grille de lecture. Sans nous forcer à prendre des positions. Seulement, donner à voir différentes réalités et leur évolution au fil du temps.


10. VIRGIN SUICIDES, Sofia Coppola (1999)

Ce qui me plaît dans ce film, pourtant bien connu de tous, c’est la manière de dissimuler l’horreur d’un suicide derrière l’innocence et la douceur des soeurs. 

Le narrateur, par sa voix off, énumère sans tabou les faits. Et pourtant, ceux-ci ne semblent par la suite, laisser aucune traces apparentes sur les jeunes filles, créant un sentiment terriblement désarmant. J’aime l’idée que ce film traite de réalités concrètes : l’impact de l’éducation parentale et ses conséquences durables sur la vie des enfants. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est sa bande originale qui s’accorde parfaitement aux scènes et images.



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